GRECE-La justice grecque est-elle raciste ? Peut-être bien, mais pour une
fois, cela ne passe plus. Le pays est sous le choc du verdict rendu par
le tribunal de Patras, acquittant les fermiers qui avaient tiré à balles réelles contre des travailleurs bangladais, au lieu de leur payer les mois de salaire qu’ils leur devaient.
Rassemblement devant le tribunal de Patras |
Le tribunal de Patras a innocenté à l’unanimité deux des quatre
inculpés dans le procès qui opposait un producteur agricole et ses
surveillants à des ramasseurs de fraises de Nea Manolada, dans le
Péloponnèse. Le 18 avril 2013, 200 immigrés employés dans une
exploitation agricole de production de fraises s’étaient rassemblés à
Nea Manolada pour réclamer leurs salaires, impayés depuis six mois.
Au lieu de recevoir leur argent, ce sont des coups de carabines de
chasse, tirés par des surveillants, qui les ont accueillis. Une
véritable chasse à l’homme a alors commencé, des immigrés ensanglantés
courant se réfugier dans les champs voisins, poursuivis par des gardiens
armés. 28 travailleurs originaires du Bengladesh avaient été blessés.
Le jugement rendu mercredi 30 juillet à Patras innocente l’employeur
et l’un des surveillants. Deux autres surveillants ont été condamnés,
l’un pour « atteinte à l’intégrité physique » avec une peine de prison
de 14 ans et 7 mois, sans période de sûreté incompressible, et un autre
pour simple complicité d’atteinte à l’intégrité physique, avec une peine
de 8 ans et 7 mois. Des personnalités politiques et de nombreuses
organisations ont tenu à dénoncer l’indulgence dont a fait preuve le
tribunal.
« J’ai honte d’être Grec », a déclaré Moisis Karabeyidis, l’avocat
des victimes. « Ce verdict est une honte ». SYRIZA, la Confédération
générale des travailleurs de Grèce (GSEE), l’association anti-raciste
KEERFA, le Parti communiste grec (KKE) et le porte-parole de la section
Droits de l’Homme du Pasok ont, dans divers communiqués, signifié leur
incompréhension, soulignant que l’Etat ne se montrait pas à la hauteur
des événements et devrait refuser clairement l’exploitation humaine et
le racisme.
Face au scandale provoqué par ce jugement inique, la Cour suprême a
demandé un examen des motivations du verdict dès qu’ils seraient
publiés. En théorie, ce verdict ayant été approuvé à l’unanimité des
trois juges professionnels et des quatre jurés populaires, aucun recours
n’est possible.
Source :
Balkans Info