BANGLADESH-(NovEthic) Nouveau scandale dans l’industrie textile bangladaise. Pour protester
contre le non-paiement de leur salaire depuis trois mois, près de 1 600
ouvriers de Tuba Group ont suivi une grève d'une dizaine de jours. Début
août, le mouvement a été durement réprimé par la police. Ce
manufacturier, qui fournit de grandes marques occidentales, est aussi le
propriétaire de l’usine de Tazreen, dont l’incendie en 2012 avait
provoqué la mort d’une centaine d’ouvriers.
Les ouvriers du textile bangladais veulent faire
respecter leurs droits. Après des semaines de négociations
infructueuses, près de 1 600 d’entre eux, travaillant pour Tuba Group, un fournisseur de marques occidentales comme Walmart, mais aussi la Fédération internationale de football (FIFA), se sont lancés dans une grève. Le mouvement a duré un dizaine de jours.
Certains d’entre eux ont également choisi d’observer une grève de la
faim. Ils entendaient ainsi protester ainsi contre le non-paiement de
leur salaire sur les trois derniers mois, des heures supplémentaires et
des primes de congés. Au fil de la dizaine de jours qu’a duré la grève
(du 28 juillet au 8 août), une centaine de protestataires sont tombés
malades, à la suite d’une déshydratation. Une dizaine d’ouvriers a été
hospitalisée. Mais le mouvement n’a pas faibli.
Tuba Group refuse de payer
Car Tuba Group refuse toujours d’accéder à la demande des ouvriers.
L’Association des fabricants et exportateurs du Bangladesh (BGMEA) a
bien proposé de verser deux mois de salaires dès maintenant et que Tuba
Group paye le reste et le rembourse par la suite. Selon le président de
l’association, Mohammad Atiqul Islam, cité par Reuters, près de la
moitié des travailleurs ont accepté l’offre.
Mais les autres, soutenus par les syndicats, jugent la proposition
inacceptable. Certains syndicats comme le Garment Workers Unity Forum
ont même appellé à une grève générale des ouvriers du textile
bangladais. Un appel qui n'a pas été suivi.
La détermination affichée était réelle. D'autant plus que les heurts
avec la police se sont multipliés. Le 6 août, elle a réprimé à coups de
matraque les ouvriers qui tentaient d’assiéger le quartier général du
BGMEA. Le lendemain, elle bloquait les ouvriers ainsi que les leaders
syndicaux, activistes, personnalités politiques et académiques venus les
soutenir dans l'une des cinq usines du groupe, dans le quartier
industriel de Badda, dans la banlieue de Dacca.
Certains ont été arrêtés. Les syndicats et organisations non
gouvernementales internationaux, comme la Clean Clothes Campaign, ont
alors appelé à l’arrêt des violences et au paiement intégral des
travailleurs. Le 8 août, la police a délogé les protestataires des
usines à coup de canons à eau et de gaz lacrymogènes.
Un groupe aux pratiques discutables
Tuba Group est déjà impliqué dans le drame de l’incendie de l’usine de Tazreen qui avait fait plus de 110 morts en 2012.
Le directeur du groupe, Delwar Hossain, était d’ailleurs en prison
depuis février 2014. Il a été relâché sur caution le 5 août. Ce qui a eu
pour effer de renforcer le mouvement de protestation des ouvriers.
Le ministre bangladais du Travail a exigé que Tuba Group paie tous les salaires, faute de quoi l’Etat engagerait des poursuites.
Béatrice Héraud