Après avoir soutenu le régime réactionnaire de Khomeiny en Iran en 1979 les gauchistes remettent ça en cautionnant l'ultra-droite UOIF dans un meeting contre l'Islamophobie. Retour sur l'embrouille : quand l'extrême gauche joue avec la droite religieuse et nationaliste les militants internationalistes doivent condamner ces dérives.
(
CONFUSIONNISME.INFO/STREETPRESS) - C’est un meeting
« contre l’islamophobie et le climat de guerre sécuritaire ».
Il doit se tenir à la Bourse du Travail de Saint-Denis, le 6 mars.
C’est important que des initiatives antiracistes soient lancées, vu le
climat actuel. Parmi les signataires : Les antifas du Capab, les écolos
de
EELV, le
NPA ou encore Attac.
Mais on trouve aussi l’Union des Organisations islamiques de France (
UOIF), qui affiche pourtant des idées des plus réactionnaires. C’est
la deuxième fois (link is external) en quelque mois que cette organisation est associée à une réunion antiraciste, sous prétexte de lutte contre l’islamophobie .
Entendons-nous bien : l’objet de cet article n’est pas de condamner
une initiative antiraciste, par ailleurs portée par des organisations
tout à fait respectables. Il s’agit seulement de s’interroger sur la
cohérence politique qu’il y a à vouloir promouvoir les valeurs de
l’antiracisme en compagnie d’organisations affichant sur d’autres sujets
une ligne réactionnaire. En somme : l’antiracisme oui, mais pas avec
n’importe qui !
Mariage pour tous les intégristes
Car l’UOIF est bien une organisation fondamentalement réactionnaire.
C’est évident lorsque l’on voit ses prises de positions lors du débat
sur le mariage pour tous identiques à celles qu’on a pu observer du côté
de la droite la plus dure et des catholiques intégristes. Le 24 mars
2013, l’organisation a d’ailleurs appelé à manifester aux côtés de la
Manif pour Tous contre l’égalité des droits dans le mariage. Voici un
extrait du communiqué publié à cette occasion :
« Nous sommes tous nés d’un homme et d’une femme et nous considérons
que ce repère de la filiation naturelle est fondamental, car il
correspond à un besoin universel et intrinsèque de l’Homme, et qu’à ce
titre, il doit être préservé pour toutes les générations futures. »
Déjà le 13 novembre 2012, dans un long texte publié sur son site, l’UOIF s’inquiétait :
« Si le mariage entre deux personnes de même sexe devenait une norme,
alors où s’arrêteront les revendications ? Les plus incongrues peuvent,
un jour, être légitimées au nom du même principe d’égalité. Qui pourra
délégitimer la zoophilie, la polyandrie, au nom du sacro-saint amour ? »
De plus, on trouve sur le site de l’Union de nombreux textes
justifiant l’implication des autorités religieuses dans les débats de
société. Une ligne conforme à celle de l’Église catholique, qui ne
renierait sûrement pas certains de ses écrits. L’
UOIF a publié une
« Charte de l’enfant en Islam » (link is external) dans laquelle il est précisé qu‘« il est illicite de porter préjudice au fœtus de manière générale et il convient de
punir quiconque lui porte atteinte. » L’
UOIF
affiche donc sans vergogne des prises de position allant à l’encontre
de l’égalité entre les personnes quelle que soit leur orientation
sexuelle et du droit des femmes à disposer de leur corps.
De Boutin à Soral en passant par Frigide Barjot
Mais ce n’est pas tout : les fréquentations de l’
UOIF
ne valent guère mieux que ses discours. On le voit à travers les noms
de certains participants à ses congrès, les Rencontres annuelles des
musulmans de France. La droite réactionnaire se revendiquant de valeurs
catholiques ou chrétiennes et même l’extrême droite y ont une place de
choix : Christine Boutin, Dieudonné et le père Michel Lelong en 2006,
Dieudonné (bis) et Alain Soral en 2009, Frigide Barjot en 2013. En 2014,
la présidente de la Manif pour Tous
Ludovine de la Rochère a été invitée (link is external),
mais aurait finalement décliné l’invitation. Les frères Hani et Tariq
Ramadan, petits fils du fondateur des Frères musulmans et théoriciens
controversés, y sont également régulièrement conviés.