West Papua : deux journalistes français arrêtés

WEST PAPUA-La folie coloniale a cela d'extravagant qu'elle se croit au dessus de tout, bafouer la liberté d'informer ou exterminer les populations locales. Le colonialisme indonésien s'illustre parfaitement dans ce domaine, entre violations des droits humains et colonisation sans scrupule. Deux journalistes français ont été arrêtés. Plus que jamais il faut mobiliser contre tous les colonialismes. Et parmi ceux ci, le colonialisme indonésien.




(Le Point)-Deux journalistes français qui réalisaient un reportage sur les rebelles séparatistes de Papouasie, une province indonésienne, pour la chaîne de télévision franco-allemande Arte, ont été arrêtés, a annoncé vendredi la police indonésienne. Un porte-parole de l'ambassade de France à Jakarta a confirmé à l'AFP l'arrestation de Thomas Dandois, 40 ans, et de Valentine Bourrat, 29 ans. Thomas Dandois a été arrêté jeudi dans un hôtel de la ville de Wamena (est) en compagnie de trois membres du Mouvement de la Papouasie libre (OPM), a indiqué le porte-parole de la police provinciale, Sulistyo Pudjo Hartono, sans donner de précision sur l'arrestation de Valentine Bourrat. La police les soupçonnait de participer "à un plan pour nourrir l'insécurité et l'instabilité en Papouasie", a-t-il indiqué.
Les journalistes ont été placés en garde à vue à Jayapura, capitale de la province de Papouasie, et leurs téléphones ont été saisis, ainsi que des enregistrements audio et vidéo. "Ils ont reconnu travailler comme journalistes pour Arte, mais nous continuons à enquêter pour savoir qui ils sont et ce qu'ils sont venus faire à Wamena", a-t-il ajouté.

Infraction passible de cinq ans d'emprisonnement

Les journalistes étaient entrés en Indonésie avec un visa touristique et sont suspectés de travail illégal, une infraction passible de cinq ans d'emprisonnement et de 500 millions de roupies indonésiennes (42 000 dollars) d'amende. En règle générale, les journalistes arrêtés sont ensuite expulsés. Le gouvernement de Jakarta ne délivre que très rarement des visas de travail aux journalistes souhaitant se rendre dans la région. "Nous sommes en contact constant avec eux et nous sommes en relation avec le ministère indonésien des Affaires étrangères et la police, à la fois à Jakarta et en Papouasie, pour régler ce problème", a indiqué l'ambassade de France.

Selon le porte-parole de la police, les rebelles rencontrés par les journalistes venaient des montagnes du centre de la Papouasie, dans le district de Lanny Jaya, où cinq rebelles ont été abattus la semaine dernière dans un échange de coups de feu avec des militaires. Deux policiers avaient été tués quelques jours plus tôt dans une embuscade attribuée à l'OPM.
Les rebelles, d'origine mélanésienne, tentent depuis des années de mettre fin au pouvoir indonésien, qu'ils accusent d'exploiter les Papous, un peuple pauvre, vivant dans cette région riche en ressources naturelles. Le mouvement séparatiste accuse l'armée indonésienne d'entorses graves aux droits de l'homme contre les civils papous et de corruption massive liée à la présence de grosses opérations minières et de coupes de bois illégales.