Fascisme iranien : le retour des pan-iranistes ?

 
IRAN - Remontant des égouts politiques de l'Iran, quel sera le rôle politique à venir des pan-iranistes dans le soutien au régime et à l'impérialisme iraniens ? 
En décembre 2013 lors d'un rassemblement militant pour l'environnement dans le Khuzestan, des éléments fascisants pro-régime et les nationalistes pan-iranistes ont attaqué de concert les activistes arabes, les accusant de séparatisme. Cette ratonnade collective n'est pas anodine, elle exprime au contraire la nécessaire alliance entre les éléments autoritaires historiquement opposés en Iran, opposition qui aujourd'hui ne trouve plus de raison d'être essentielle.


Comme de nombreux mouvements fascistes européens, proche-orientaux ou sud-américains, le mouvement pan-iraniste est avant tout l'expression d'une contradiction socio-politique, et le nationalisme n'est qu'une idéologie de façade qui masque un opportunisme politique et des intérêts bourgeois.
La mécanique militante des pan-iranistes est bien rodée, ce mouvement néo-nazi mêlant aryanisme et antisémitisme, utilise les codes du Troisième Reich : drapeau, brassards, uniformes, ... Tout dans le visuel pan-iraniste est un hommage à l'Allemagne nationale-socialiste. Si l'antisémitisme marqué des pan-iranistes est partagé d'une certaine façon par des fractions du pouvoir iranien, la dissension fondamentale semble résider d'une part dans l'appréciation de l'islam chi'ite comme marqueur d'une identité iranienne et d'autre part sur les intérêts des bases sociales divergentes, ce qui nous amènerait à la sociologie de la révolution iranienne de 1979, mais cela n'est pas l'objectif de cet article.

La caractéristique fondamentale du pan-iranisme est l'idéologie impérialiste qui sous-tend son appellation faisant référence aux peuples iraniens : un Etat qui regrouperait un ensemble de peuples dépassant les frontières de la persanophonie. Un Grand Iran.

Ce Grand Iran engloberait donc l'intégralité du Kurdistan, de l'Afghanistan, du Tadjikistan, mais également d'autres régions d'Asie Centrale où vivent des peuples turcs, ce qui oppose directement le paniranisme au panturquisme. Le pouvoir iranien pourra à l'avenir utiliser cette idéologie pour étendre son aire d'influence au delà de la persanophonie et des minorités chi'ites de la péninsule arabique.
C'est pour cette raison que le mouvement pan-iraniste est toléré par les autorités iraniennes qui oscillent entre répression et acceptation surveillée. Les liens des pan-iranistes avec l'ancien régime, leur sens fascisant de la modernité, leur hostilité à l'identité religieuse chi'ite comme fondement culturel de l'Iran en font encore des ennemis du pouvoir qui ne reconnaît pas la lecture raciale que font les pan-iranistes de l'histoire iranienne. Cependant les mouvements sociaux à venir en Iran, issus des luttes ouvrières ou des peuples séparatistes pourraient conduire le pouvoir à chercher des alliés politiques parmi l'opposition historique comme l'a montré l'incident du Khuzestan (historiquement cette région arabe est d'ailleurs un bastion pan-iraniste).
Bijan Janfeshan
 Toutefois les pan-iranistes n'ont jamais bien brillé politiquement par leur cohérence. Au lieu de s'aligner politiquement avec les nationalistes (et Mossadegh) pendant la dictature du Shah, ils ont préféré être les marionnettes du pouvoir ; pouvoir qui était lui-même la marionnette des intérêts anglo-américains (le leader pan-iraniste Pezeshkpour sera exécuté au début de la révolution). C'est toutefois cette constante dans l'opportunisme qui en fait une organisation tolérée (et bientôt instrumentalisée) aujourd'hui par le pouvoir islamique.
D'une façon générale les liens qui se tissent entre les paniranistes (1) et les néonazis iraniens (2) laissent à penser à une possible recomposition de l'extrême droite en Iran. Les néonazis iraniens restent cependant une force militante dérisoire de quelques dizaines d'individus isolés pour le moment et ne représentant en rien un danger politique. Pour le mouvement social iranien l'ennemi reste le pouvoir islamique dans son ensemble (mollahs, bazaris, pasdaran, ...) et ceci malgré les antagonismes socio-politiques de ces tendances du régime. Cependant le mouvement social iranien doit prendre garde à l'intérieur (participation-infiltration des paniranistes lors des émeutes anti-gouvernementales) et à l'extérieur (l'incident du Khuzestan) de ses pratiques de tout développement à venir des activités pan-iranistes.

Les liens entre néonazis et pan-iranistes : Bijan Jafeshan/Mehran Chitsaz



Mehran Chitsaz (Nazi Center)


(1) Relativement isolé dans la sphère "souverainiste" iranienne du fait de la collaboration avec la dictature pro-américaine du Shah avant 1979, et de leur hostilité à la figure historique du souverainisme iranien Mossadegh.

Délire antisémite néonazis/paniraniste
(2) Il existe quelques expressions néonazies iraniennes sur internet, le fait de quelques individus malades qui partagent avec les paniranistes la haine des arabes, des juifs et de l'islam. Il en est ainsi du Nazi Center (sic), de l'Iranian National Socialist Movement et de l'Iranian Aryan National Front, plutôt fantômatique. Le principal mouvement néonazi d'importance, le SUMKA n'existe plus que dans l'esprit dérangé de certains paranoïaques antisémites. Comme les paniranistes les néonazis du SUMKA étaient opposés à Mossadegh.


Propagande du Nazi Center