Les amitiés fascistes d’Alternatiba

FRANCE - (Nord Eclair) Ils voulaient militer autrement. Débattre, avec le sourire, des alternatives à notre modèle de développement. La politique a rattrapé Alternatiba-Lille. En pleine préparation de son festival d’octobre, le collectif a été cet été au centre d’accusations d’infiltration par l’extrême-droite.

La confusion apolitique d'Alternatiba a choisi son camp  : celui des fascistes
«  Les plus belles fleurs poussent peut-être dans la merde, mais elles sentent quand même la merde !  » Ce 22 juillet, à l’assemblée extraordinaire d’Alternatiba-Lille, les murs tremblent. La réunion devait crever l’abcès. Elle se résume à un dialogue de sourds. Noms d’oiseaux, claquements de porte, et un mot qui tâche : «  Fachos  ».
La crise a éclaté un mois plus tôt. Fin juin, Jean-François Garsmeur, membre de la coordination d’Alternatiba-Lille, crie à l’infiltration par l’extrême-droite, en la personne de plusieurs Gentils Virus (lire ci-dessous). «  Le fait que je dénonce des néofascistes a créé une mauvaise ambiance, euphémise Garsmeur. La force de ces gens, c’est d’avancer masqués. Je ne voulais pas qu’ils recrutent grâce à Alternatiba.  » Il réclame la mise à l’écart de trois Gentils Virus. Mais c’est lui que l’assemblée exclut de la coordination, à l’unanimité. Aujourd’hui encore, les piliers d’Alternatiba attribuent la polémique à un homme «  excessif, antidémocratique, instable  ».
Sauf que l’affaire n’en reste pas là. Le trouble gagne d’autres participants. La fracture éclate le 22 juillet et déborde publiquement sur le web. La CNT condamne «  les amitiés fascistes d’Alternatiba  », la sphère antifasciste tire à boulets rouges, les moteurs de recherche accolent de vilains termes au festival. Les organisateurs s’étouffent d’indignation (lire ci-dessous), une plainte en diffamation est déposée, mais des associations prennent leurs distances : «  C’est pas une question de fascisme mais d’ambiguité, estime le responsable d’une d’elles, sous couvert d’anonymat. À vouloir ouvrir à tout le monde, on peut se retrouver avec des gens douteux et on entretient le confusionnisme.  »
Alternatiba fait le gros dos, muscle sa charte pour bannir explicitement tout propos raciste, sexiste, etc, s’accroche à son credo apolitique et à sa bonne foi.
«  Ce sont des gens peu expérimentés, ils pèchent par naïveté, relativise un briscard de la scène militante lilloise. Mais ils viennent d’horizons trop différents pour être récupérés.  » Sur le papier, Alternatiba a tout pour être un grand moment alternatif. Les bonnes intentions feront-elles un bon festival ?