KURDISTAN - (Reflections on a Revolution/Ocl) Exclus des négociations et trahis par le Traité de Lausanne de 1923 par
les Alliés de la Première Guerre mondiale qui leur avaient promis leur
propre État après la partition de l’Empire ottoman, les Kurdes sont la
plus grande minorité sans État dans le monde. Mais aujourd’hui, à
l’exception d’un Iran têtu, il ne reste plus que quelques obstacles à
l’indépendance kurde de jure dans le nord de l’Irak. La Turquie et
Israël ont promis leur soutien, tandis que les mains de la Syrie et de
l’Irak sont liées par les progrès rapides de l’État islamique
(anciennement EIIL).
Avec le drapeau kurde flottant sur tous les bâtiments officiels et les
peshmergas [forces armées du Gouvernement régional du Kurdistan dans le
Kurdistan irakien. NdT] maintenant les islamistes à la porte du
Kurdistan grâce à une aide militaire américaine attendue depuis
longtemps, le sud du Kurdistan (Irak) rejoint leurs camarades du
Kurdistan occidental (Syrie) en tant que deuxième région autonome de
facto du nouveau Kurdistan. Ils ont déjà commencé à exporter leur propre
pétrole et ont repris la région riche en pétrole de Kirkouk, ils ont
leur propre parlement élu et laïc et leur société pluraliste. Ils ont
fait leur demande de reconnaissance comme État à l’ONU et il n’y a rien
que le gouvernement irakien puisse faire –ou que les États-Unis
veuillent faire sans le soutien d’Israël – pour l’arrêter.
La lutte des Kurdes, cependant, est loin d’être étroitement
nationaliste. Dans les montagnes au-dessus d’Erbil, dans le cœur
historique du Kurdistan qui serpente à travers les frontières de la
Turquie, de l’Iran, de l’Irak et de la Syrie, une révolution sociale est
née.
La théorie du confédéralisme démocratique
Au tournant du siècle, alors que le radical étatsunien Murray Bookchin
avait échoué dans sa tentative de revitaliser le mouvement anarchiste
contemporain avec sa philosophie de l’écologie sociale, Abdullah Öcalan,
le fondateur et dirigeant du PKK, était arrêté au Kenya par les
autorités turques et condamné à mort pour trahison. Dans les années qui
suivirent, le vieil anarchiste gagnait un improbable adepte chez le
militant endurci, dont l’organisation paramilitaire – le Parti des
travailleurs du Kurdistan – est largement considérée comme une
organisation terroriste pour mener une guerre violente de libération
nationale contre la Turquie.
Dans ses années de confinement solitaire – le leader du PKK se trouve
derrière les barreaux depuis que sa peine a été commuée en réclusion à
perpétuité – Öcalan a adopté une forme de socialisme libertaire si
obscure que bien peu d’anarchistes en avaient entendu parler : le
municipalisme libertaire de Bookchin. Öcalan a ensuite modifié, atténué
et rebaptisé la vision de Bookchin sous le nom de « confédéralisme
démocratique » avec le résultat que l’Union des Communautés du Kurdistan
(Koma Civakên Kurdistan ou KCK), l’expérience territoriale du PKK d’une
société libre basée sur la démocratie directe, est restée largement un
secret pour la plupart des anarchistes, et plus encore, pour le grand
public.
Bien que la conversion d’Öcalan a été le point décisif, la renaissance
plus large d’une littérature de gauche libertaire et indépendante a
commencé à souffler dans les montagnes et à passer de main en main parmi
la base du mouvement après l’effondrement de l’Union soviétique dans
les années 1990. « (Ils) ont analysé des livres et des articles de
philosophes, de féministes, de (néo)anarchistes, communistes
libertaires, communalistes et écologistes sociaux. C’est ainsi que des
écrivains comme Murray Bookchin (et d’autres) ont attiré leur attention
», nous dit le militant kurde Ercan Ayboga.
Öcalan s’est lancé, dans ses écrits de prison, dans un profond réexamen
et une autocritique de la terrible violence, du dogmatisme, du culte de
la personnalité et de l’autoritarisme qu’il avait favorisé : « Il est
devenu clair que notre théorie, notre programme et notre praxis des
années 1970 n’a rien produit d’autre qu’un séparatisme et une violence
vaines, et, ce qui est pire encore, que le nationalisme auquel nous
aurions dû nous opposer, nous a tous infestés. Même si nous étions
opposés à ses principes et à sa rhétorique, nous l’avons néanmoins
accepté comme inévitable ». Une fois que le leader incontesté, Öcalan a
estimé que le « dogmatisme prospère sur des vérités abstraites qui
deviennent des façons courantes de penser. Dès que vous mettez ces
vérités générales en mots, vous vous sentez comme un grand prêtre au
service de son dieu. C’est l’erreur que j’ai commise. »
Öcalan, athée, a en fin de compte écrit comme un libre penseur, libéré
de la mythologie marxiste-léniniste. Il a indiqué qu’il était à la
recherche d’une « alternative au capitalisme » et d’un « remplacement du
modèle en ruine du...‟socialisme réellement existant” » quand il a
rencontré Bookchin. Sa théorie du confédéralisme démocratique s’est
développée à partir d’une combinaison d’inspiration intellectuelle
communaliste, de « mouvements comme les zapatistes » et d’autres
facteurs historiques issus de la lutte au Kurdistan du Nord (Turquie).
Öcalan a proclamé lui-même qu’il était un étudiant de Bookchin, et après
l’échec d’une correspondance électronique avec le vieux théoricien, qui
était à son grand regret trop malade en 2004 pour poursuivre un échange
épistolaire depuis son lit de mort, le PKK lui a rendu hommage en
déclarant qu’il était « l’un des plus grands chercheurs en sciences
sociales du XXe siècle » à l’occasion du deuxième anniversaire de sa
mort.
La pratique du confédéralisme démocratique
Le PKK a apparemment suivi son chef, non seulement en adoptant
l’étiquette spécifique de Bookchin de l’éco-anarchisme, mais aussi en
intériorisant activement cette nouvelle philosophie dans sa stratégie et
sa tactique. Le mouvement a abandonné sa guerre sanglante pour la
révolution stalinienne/maoïste et les méthodes de terreur qui
l’accompagnaient, et a commencé à examiner une stratégie largement
non-violente visant à une plus grande autonomie régionale.
Après des décennies de trahisons fratricides, de cesser le feu manqués
et sans lendemains, de détentions arbitraires et de reprises des
hostilités, le 25 avril de cette année, le PKK a annoncé un retrait
immédiat de ses forces de Turquie et leur redéploiement dans le nord de
l’Irak, mettant ainsi fin à un conflit de 30 ans avec l’État turc. Le
gouvernement turc s’est engagé simultanément dans un processus de
réforme constitutionnelle et juridique devant consacrer les droits
humains et culturels de la minorité kurde à l’intérieur de ses
frontières. C’est là le dernier volet d’une négociation tant attendue
entre Öcalan et le Premier ministre turc Erdogan, faisant partie d’un
processus de paix qui a commencé en 2012. Il n’y a pas eu de violence de
la part du PKK pendant une année et des appels raisonnables ont été
lancés pour que le PKK soit retiré de la liste mondiale des
organisations terroristes.
Il reste, cependant, une sombre histoire attachée au PKK : des pratiques
autoritaires qui ne cadrent pas avec sa nouvelle rhétorique libertaire.
À divers moments, ses branches ont été accusées ou soupçonnées de
collecte de fonds par le trafic d’héroïne, d’extorsion, de recrutement
forcé et de racket à grande échelle. Si cela est vrai, il n’y a aucune
excuse pour ce genre d’opportunisme mafieux, malgré l’ironie évidente
que l’État turc génocidaire était lui-même en grande partie financé par
le monopole lucratif sur l’exportation légale vers l’Occident de
produits opiacés ‟médicaux” cultivés par l’État, et rendu possible par
le service militaire obligatoire et par les impôts pour un énorme budget
anti-terroriste et ses forces armées surdimensionnées (la Turquie
possède la deuxième armée de l’OTAN après les États-Unis).
Il en est ainsi de l’hypocrisie habituelle dans la guerre contre le
terrorisme : lorsque les mouvements de libération nationale imitent la
brutalité de l’État, ce sont invariablement les non représentés qui sont
désignés comme terroristes. Öcalan lui-même décrit cette période
honteuse comme celle des « gangs au sein de notre organisation et des
pratiques ouvertement de banditisme, [qui] organisaient des opérations
dangereuses, inutiles, en envoyant en masse des jeunes gens à la mort ».
(...)
Pour Öcalan, le confédéralisme démocratique signifie une « société
démocratique, écologique et libérée en matière de genre », ou simplement
« la démocratie sans l’État ». Il oppose explicitement la « modernité
capitaliste » et la « modernité démocratique », dans laquelle « les
trois anciens éléments de base : le capitalisme, l’État-nation et
l’industrialisme » sont remplacés par « une nation démocratique, une
économie communale et une industrie écologique ». Cela implique « trois
projets : un pour la république démocratique, un pour le confédéralisme
démocratique et un pour l’autonomie démocratique » ;
Le concept de ‟république démocratique” se réfère essentiellement à
l’obtention, longtemps niée, de la citoyenneté et des droits civils des
Kurdes, y compris la capacité de parler et d’enseigner librement dans
leur langue. L’autonomie démocratique et le confédéralisme démocratique
font à la fois référence aux « capacités autonomes des personnes et à
une forme de structure politique plus directe, moins représentative ».
Pendant ce temps, Jongerden et Akkaya soulignent que « le modèle du
municipalisme libre vise à réaliser l’approche de bas en haut
(‟bottom-up”) dans la conception et le fonctionnement d’un organe
administratif participatif, du local au provincial ». Le « concept de
citoyen libre (ozgur yarttas) [est] un point de départ » qui « comprend
les libertés civiles fondamentales comme la liberté d’expression et
d’organisation ». Les unités de base du modèle sont les assemblées de
quartier ou ‟conseils” comme on les appelle indifféremment.
Il y une participation populaire dans les conseils, y compris de la part
de personnes non-kurdes, et tandis que les assemblées de quartier sont
fortes dans plusieurs provinces, « à Diyarbakir, la plus grande ville du
Kurdistan turc, il y a des assemblées presque partout. » Par ailleurs, «
dans les provinces d’Hakkari et de Sirnak... il y a deux autorités
parallèles [le KCK et l’État], parmi lesquelles la structure confédérale
démocratique est la plus puissante dans la pratique. » La KCK en
Turquie « est organisé au niveau du village (köy), du quartier urbain
(mahalle), du district (ilçe), de la ville (kent), et de la région
(bölge), qui est appelée « Kurdistan du Nord ».
Le niveau le ‟plus élevé” de la fédération au Kurdistan du nord, le DTK
(Congrès de la Société Démocratique) est un mélange de délégués de base
élus par leurs pairs avec mandats révocables, qui constituent 60% de
l’ensemble et des représentants de « plus de cinq cents organisations de
la société civile, syndicats et partis politiques », qui composent les
40% restants, dont environ 6% sont « réservés aux représentants des
minorités religieuses, des universitaires ou autres spécialistes et
d’autres personnes ayant un point de vue particulier. »
La proportion au sein des 40% de ceux qui sont pareillement délégués
directement des groupes de la société civile démocratique et
non-étatiste comparé à ceux qui n’ont pas été élus ou sont choisis par
les bureaucraties des partis politiques n’est pas claire. Le
chevauchement d’individus entre mouvements kurdes indépendants et partis
politiques kurdes, ainsi que l’intériorisation de nombreux aspects de
la procédure de démocratie directe par ces partis, compliquent encore
plus la situation. Toutefois, le consensus informel qui se dégage parmi
les observateurs est que la majorité des prises de décision correspond à
des procédures de démocratie directe d’une manière ou d’une autre ; que
la plupart de ces décisions sont prises au niveau local ; et que les
décisions sont prises à partir de la base, selon la structure fédérale.
Du fait que les assemblées et le DTK sont coordonnées par la KCK
illégale, dont fait partie le PKK, ils sont désignés comme ‟terroristes”
par la Turquie et la soi-disant communauté internationale (UE,
États-Unis et autres). Le DTK sélectionne aussi les candidats du BDP, le
parti pro-kurde (Parti pour la paix et de la démocratie), pour le
Parlement turc, qui propose « l’autonomie démocratique » pour la
Turquie, une combinaison de démocratie représentative et de démocratie
directe. Conformément au modèle fédéral, il propose la création
d’environ 20 régions qui autogouverneraient directement (selon le schéma
anarchiste, pas la Suisse) « l’éducation, la santé, la culture,
l’agriculture, l’industrie, les services sociaux et de sécurité, les
questions des femmes, de la jeunesse et des sports », avec l’État
continuant de conduire « les affaires étrangères, les finances et la
défense. »
La révolution sociale prend son envol
Pendant ce temps, sur le terrain, la révolution a déjà commencé. Dans le
Kurdistan turc, il y a un mouvement éducatif indépendant des
‟académies” qui organise des forums de discussion et des séminaires dans
les quartiers. Dans la municipalité de Sûr à Amed [nom kurde de
Diyarbakır, NdT], où une avenue s’appelle ‟Rue de la Culture”, le maire
Abdullah Demirbas se félicite de la « diversité des religions et de
systèmes de croyance » et déclare que « nous avons commencé à restaurer
une mosquée, une église catholique chaldéo-araméenne-, une église
orthodoxe arménienne et une synagogue juive ».
Jongerden et Akkaya signalent ailleurs que « les municipalités DTP ont
lancé un ‟service municipal multilingue”, qui a suscité des débats
houleux. Des panneaux indicateurs municipaux ont été érigés en kurde et
en turc, et des commerçants locaux ont suivi le mouvement ».
La libération des femmes se poursuit par les femmes elles-mêmes à
travers les initiatives du Conseil des femmes du DTK, qui établit de
nouvelles règles de « quotas de femmes de quarante pour cent » dans les
assemblées. Si un fonctionnaire bat sa femme, son salaire est reversé
directement à la femme battue afin de maintenir sa sécurité financière
et son usage comme bon lui semble. « À Gewer, si le mari prend une
deuxième épouse, la moitié de sa succession ira à la première. »
Il existe des « Villages de la Paix », des communautés de coopératives,
nouvelles ou transformées, appliquant leur propre programme complètement
en dehors des contraintes logistiques de la guerre kurdo-turque. La
première de ces communautés a été construite dans la province d’Hakkari,
limitrophe de l’Irak et de l’Iran, où « plusieurs villages » ont
rejoint l’expérience. Dans la province de Van, « un village écologique
de femmes » est en construction pour abriter les victimes de la violence
domestique, auto-suffisant « pour toute ou presque toute l’électricité
nécessaire. »
La KCK tient des réunions deux fois par an dans les montagnes avec des
centaines de délégués de chacun des quatre pays, avec comme priorité à
son agenda, la menace de l’État islamique envers l’autonomie du
Kurdistan du sud et de l’ouest. Les partis iraniens et syriens affiliés à
la KCK, le PJAK (Parti pour une vie libre au Kurdistan) et le PYD
(Parti de l’union démocratique) mettent en avant également le
confédéralisme démocratique. Le parti irakien de la KCK, le PÇDK (Parti
pour une solution démocratique du Kurdistan) est relativement peu
important car le Parti démocratique du Kurdistan (PDK, centriste) au
pouvoir et son chef Massoud Barzani, président du Kurdistan irakien, n’a
que récemment cessé de le harceler et commencé à le tolérer.
Mais, dans les régions montagneuses du Kurdistan irakien plus au nord,
là où se trouvent la plupart des guérilleros et guérilleras du PKK et du
PJAK, la littérature radicale et les assemblées s’épanouissent, avec
l’intégration de nombreux Kurdes de la montagne après des décennies de
déplacements. Au cours des dernières semaines, ces militant-e-s sont
descendus des montagnes du nord pour combattre aux côtés des peshmergas
irakiens contre l’EIIL, sauvant 20 000 yézidis et chrétiens dans les
montagnes de Sindjar et ont reçu la visite de Barzani dans un affichage
public de gratitude et de solidarité, mais surtout pour mettre la
Turquie et les États-Unis dans l’embarras.
Le PYD syrien a suivi l’exemple du Kurdistan turc dans la transformation
révolutionnaire de la région autonome sous son contrôle depuis
l’éclatement de la guerre civile. Après les « vagues d’arrestations » de
la répression baasiste, avec « 10.000 prisonniers, dont des maires, des
chefs locaux du parti, des élus, cadres et militants [...] les forces
du PYD kurde ont renversé le régime du parti Baas dans le nord de la
Syrie, ou Kurdistan occidental, [et] des conseils locaux ont éclos
partout. » Des Comités d’auto-défense ont été improvisés pour fournir «
la sécurité après la chute du régime baasiste » et « la première école
enseignant la langue kurde » a été établie en même temps que les
conseils intervenaient dans la distribution équitable du pain et de
l’essence.
Dans le Kurdistan de Turquie, de Syrie, et dans une moindre mesure dans
le Kurdistan irakien, les femmes sont désormais libres de se dévoiler et
fortement encouragées à participer à la vie sociale. Les anciens liens
féodaux sont brisés, les gens sont libres de suivre une religion ou
aucune et les minorités ethniques et religieuses coexistent
pacifiquement. S’ils sont capables de contenir le nouveau califat,
l’autonomie du PYD dans le Kurdistan syrien et l’influence de la KCK au
Kurdistan irakien pourrait bien servir de ferment pour une explosion
encore plus profonde de culture et de valeurs révolutionnaires.
Le 30 juin 2012, le Comité national de coordination pour le changement
démocratique (NCB), la plus grande coalition de la gauche
révolutionnaire en Syrie, dont le PYD est le groupe principal, a adopté «
le projet d’autonomie démocratique et le confédéralisme démocratique
comme un modèle possible pour la Syrie ».
Défendre la révolution kurde face à l’État islamique
La Turquie, quant à elle, a menacé d’envahir les régions kurdes si « des
bases terroristes étaient installées en Syrie », au moment où des
centaines de combattants de la KCK (y compris du PKK) de tout le
Kurdistan traversaient la frontière pour défendre Rojava (l’ouest) face à
l’avancée de l’État islamique. Le PYD affirme que le gouvernement
islamiste modéré de la Turquie est déjà engagé dans une guerre par
procuration contre eux, en facilitant le transit des djihadistes
internationaux à travers la frontière pour qu’ils combattent aux côtés
des islamistes.
Au Kurdistan irakien, Massoud Barzani, dont la guérilla a combattu aux
côtés de la Turquie contre le PKK dans les années 1990 en échange de
l’accès aux marchés occidentaux, a appelé à un « front uni kurde » en
Syrie à travers une alliance avec le PYD. Barzani avait signé en 2012
avec Salih Muslim, leader du PYD, l’‟Accord d’Erbil” formant le Conseil
National Kurde et reconnaissant que « toutes les parties sont sérieuses
et déterminées à continuer à travailler ensemble ».
Pourtant, alors que l’étude et la pratique des idées socialistes
libertaires parmi la direction et les bases de la KCK est assurément un
développement positif, il reste à voir dans quelle mesure cette
influence est suffisamment sérieuse pour qu’ils abandonnent leur passé
autoritaire sanglant. Le combat kurde pour l’autodétermination et la
souveraineté culturelle est une lueur d’espoir au milieu des sombres
nuages qui s’amoncellent au-dessus de l’État Islamique et des guerres
sanglantes inter-fascistes entre l’islamisme, le baasisme et le
sectarisme religieux qui leur a donné naissance.
Une révolution pan-kurde socialement progressiste et laïque, avec des
éléments socialistes libertaires, unifiant les Kurdes irakiens et
syriens et revitalisant les luttes en Turquie et en Iran peut encore
être une perspective. Pendant ce temps, ceux d’entre nous qui apprécient
l’idée de civilisation doivent reconnaître leur gratitude aux Kurdes,
qui combattent en première ligne jour et nuit contre les djihadistes du
fascisme islamiste en Syrie et en Irak, en défendant de leur vie les
valeurs de la démocratie radicale.
« Les Kurdes n’ont pas d’amis sauf les montagnes »
- Proverbe kurde
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Rafael Taylor est un militant socialiste libertaire et un journaliste indépendant résidant à Melbourne. Il est également animateur de l’émission de radio “Floodgates Of Anarchy”, membre de l’ASF-IWA (AIT) et coordinateur de l’Alliance de la gauche libertaire à Melbourne.