SERBIE – (CdF) Jamais peut-être un club de supporters n'a
été lié d'aussi près à l'histoire (noire) d'un pays que les ultras de
l’Étoile Rouge de Belgrade, dont certains membres ont été enrôlés en
1990 pour faire la guerre en Bosnie et en Croatie. Rencontre à Belgrade
avec Zoran Timic, l'un de ses fondateurs.
Lundi 31 mars 2014, 14 h10, centre de Belgrade. Le soleil tape. Après
l'hiver, les Belgradois prennent le soleil, revigorés par le retour d'un
printemps précoce. Au milieu de cette marée humaine, pas facile de
distinguer le badaud lambda d'un ancien hooligan. Soudain, un homme,
grand, la soixantaine, cheveux blancs, des lunettes sur le nez, un vieux
portable à la main, s'approche. "Vous êtes Jacques? Bonjour, je suis Zoran",
se présente-t-il en français. Plutôt rassuré, je déchante quelque peu
lorsque son jeune ami Nikola, cheveux plaqués en arrière, mal rasé et
pas hyper chaleureux débarque de manière impromptue. "On va aller dans un café..."
On quitte les artères principales, on s'engouffre dans une petite
ruelle (je panique), avant d'atterrir sur la terrasse d'un bar planqué.
Une fois les trois cappuccinos commandés, mes vieilles peurs refrénées,
il est grand temps d'évoquer, enfin, le Delije: le groupe de
supporters ultras du club mythique de l’Étoile Rouge de Belgrade. Qui
peut mieux parler de l'histoire de ce groupe que Zoran Timic, l'un de
ses fondateurs historiques? Tito, Arkan, Miloševic, le communisme, la
guerre, l'éclatement, "Tima" a tout connu ou presque. Et heureusement.
BBB contre Delije : le début de la guerre ?
Commençons par l'essentiel: l’Étoile Rouge. Ce club de la capitale
créé en 1945 par une ligue antifasciste est, en effet, rapidement devenu
l'un des grands clubs omnisports du pays. Football, basket, water-polo,
athlétisme, handball, boulingrin... Il compte près d'une trentaine de
sections. Zoran et Nikola travaillent d'ailleurs tous deux pour celle
consacrée à l'escrime. Côté foot, avec vingt-quatre coupes et vingt-cinq
titres nationaux, une coupe d'Europe contre Marseille en 1991 puis une
Coupe intercontinentale dans la foulée, le club a le palmarès le plus
riche du pays. C'est aussi le plus populaire: près de la moitié du pays
est derrière l’Étoile Rouge.
"Le plus important, ce n'est pas le sport, ce n'est pas le
hooliganisme, c'est mon club. Mon père a construit le Marakana en
1962-1963. Il a récolté de l'argent, recruté des bénévoles... (Ce stade, de 50.000 places, pouvait auparavant accueillir 110.000 personnes). On est pour l’Étoile Rouge de père en fils", s'extasie-t-il.
Très jeune, sous l'influence de son paternel, Zoran a donc pris les
chemins du stade. Plus tard, dans les années 80, avec ses amis, ils
créent un groupe de supporters. Il en devient même l'un des chefs,
enflammant les tribunes pendant de nombreuses années. La tribune Nord du
Marakana, la plus bouillante, est alors divisée en plusieurs groupes.
En 1989, une centaine de cadres, issus de ces différentes unités, dont
Zoran, décident de s'unir en formant le Delije ("héros" ou
"braves"). Cette année-là, le communisme s'écroule, les tensions
nationalistes s'exacerbent et notamment au coeur du stade. Le 13 mai
1990, une semaine après la victoire de Franjo Tudman et de son parti,
l’Union démocratique croate, lors des élections post-communistes du
pays, l’Étoile Rouge et le Delije se déplacent à Zagreb pour y affronter le Dynamo.
Dans le sillage de leur équipe, 3.000 membres du Delije, dont Zoran,
font le trajet en train pour rencontrer les Bad Blue Boys (BBB). "Un
an avant, on s'était déjà battu contre eux. On est partis à minuit, on a
voyagé de nuit en deux groupes. Juste avant Zagreb, on a tiré la
sonnette d'alarme pour arrêter le train avant la gare parce que la
police nous attendait. On a commencé à détruire des voitures, à se
battre dans la rue avec des couteaux et des armes. On était plus que des
supporters, c'était plus que du football, c'était du nationalisme."
Une fois dans le stade Maksimir les heurts, diffusés à la télévision,
continuent et augmentent même en violence. Les chants nationalistes
résonnent, des sièges volent, des panneaux publicitaires sont arrachés.
En plein match, les Serbes se ruent sur les supporters croates. Un des
joueurs de Zagreb, Zvominir Boban, donne même un coup de pied à un
policier. Protégé par le BBB, il sera ensuite érigé en héros national.
La partie est arrêtée, le championnat yougoslave supprimé. Plus qu'un
simple fait divers, ce jour est considéré par certains comme l'étincelle
qui alluma la guerre. "C'était une époque très bizarre avant la séparation, explique Nikola. Mais ce n'est pas ce match qui a engendré la guerre. Sans ce match, il y aurait eu de toute façon un conflit."
Des tribunes au front
Depuis la création du Delije, Slobodan Miloševic a très vite
compris la potentielle dangerosité des hooligans et surtout l'influence
que ces derniers pourraient avoir sur le reste de la société. Il décide
donc de placer Željko Ražnatovic, dit Arkan, un braqueur recherché à
l'époque par Interpol, à la tête du groupe. "Il est venu et il a dit je suis le leader. Son travail c'était de stopper les protestations contre Slobodan Miloševic...", assure Zoran. Arkan va prendre son rôle très au sérieux en recrutant de nombreux membres du Delije pour constituer, parmi d'autres, la Garde des volontaires serbes, mieux connue sous le nom Les tigres d'Arkan. "Il
nous a réunis et il a dit «il va y avoir une guerre, je veux organiser
un groupe. Qui veut venir avec moi?» Je n'y suis pas allé mais j'en
connais qui l'ont suivi..."
Bien lui en a pris. Arkan devient commandant et va entraîner
militairement ses hommes. Les supporters vont se muer en soldats
sanguinaires. Cette milice va ainsi participer activement aux épurations
ethniques pendant la guerre en Bosnie et en Croatie, comme à Vukovar où
de nombreux civils ont été tués en novembre 1991. "À leur ceinture, certains attachent des cuillères aiguisées dont ils se servent pour arracher les yeux de leurs victimes", écrit Franck Berteau dans Le dictionnaire des supporters: côté tribunes pour illustrer leurs atrocités.
Inculpé pour crimes contre l'humanité en 1997, Arkan ne sera jamais
jugé par le Tribunal pénal international pour l'ex-Yougoslavie. Le 15
janvier 2000, il est assassiné dans un hôtel de Belgrade, dans des
circonstances obscures. Avec lui, se tourne une des pages les plus
sombres histoires du pays.
Un rôle dans la chute de Milosevic
Slobodan Miloševic avait utilisé le Delije, le groupe sera également à l'origine de son effondrement comme l'écrit Jonathan Wilson dans son ouvrage Behind the curtain: football in eastern europe. "Otpor,
le groupe d'opposition étudiant et le bombardement de l'OTAN ont sans
doute joué un rôle, mais pas plus que le Delije. Ce sont eux qui ont
mené l'opposition interne, eux qui ont mené la révolution anticommuniste
serbe. Malgré l'émergence de quelques manifestations étudiantes , la
peur empêchait la révolte jusqu'au 26 juillet 2000 et le match de
l’Étoile Rouge contre le Torpedo Kutaisi en Géorgie, au second tour des
qualifications de la Ligue des champions."
Durant ce match, en effet, les ultras vont scander des chants réclamant la tête du leader serbe, au propre comme au figuré: "Do Serbia a favor, Slobodan, and kill yourself", en référence notamment au suicide de ses deux parents. "Après ce match, la dissidence s'est propagée aux autres stades. Tous les matches devenaient des manifestations anti-Miloševic."
La défaite de ce dernier, le 24 septembre 2000, contre Vojislav
Koštunica, et son refus surtout de l'accepter, amplifièrent la
contestation. Une grève générale débuta. Au total, un million de
personnes se retrouvèrent devant le parlement pour demander son départ.
Le Delije reçut d'ailleurs le prix d'une radio serbe pour leur rôle durant la révolution.
Hasard de l'histoire, une semaine plus tard, l’Étoile Rouge affronta le Partizan de Belgrade, l'ennemi juré. Une occasion de faire une trêve puisque certains supporters du Partizan avait également joué un rôle dans la chute du tyran qu'était Miloševic. Raté... Des heurts éclatèrent entre les supporters des deux camps. "L'union est impossible. On dit vert, ils disent bleu, on dit droite, ils disent gauche. Le Grobari du Partizan (Fossoyeurs), je les aime autant qu'ils m'aiment", assure Nikola. J'ai un rêve, c'est qu'une grosse bombe tombe sur leur stade, embraye Zoran. C'est une blague... Mais le Partizan est le club du gouvernement, c'est un club militaire. Ils ne sont pas Serbes, ce sont des Croates, des musulmans, des communistes..." Vous l'aurez compris, chaque année, le derby éternel entre les deux clubs ennemis est sans doute l'un des plus chauds au monde. Que ce soit au foot, au basket ou même au water-polo...
Kosovo, nationalisme et homophobie
Aujourd'hui encore, la tribune Nord du Marakana reste le théâtre de revendications nationalistes, notamment en ce qui concerne le Kosovo. Le pays, qui a proclamé son indépendance en 2008, reste pour beaucoup le noyau de l'identité serbe. Durant les matches, les supporters scandent des chants, brandissent des banderoles, des drapeaux prônant le rattachement de la région à la Serbie. "Notre pays est né là. Il symbolise notre combat pour la liberté. Nous nous battrons jusqu'à notre dernière goutte de sang, martèle très sérieusement Zoran, en référence à la bataille sanglante du Kosovo Polje (le Champ des merles) de 1389 contre l'Empire Ottoman. On ne veut pas une grande Serbie, on veut juste le Kosovo, qu'ils nous ont pris... On s'est fait bombarder!" (En 1999, l'OTAN avait bombardé Belgrade à la suite du refus de Miloševic d'arrêter sa répression contre la guérilla indépendantiste kosovare) "Fuck l'Europe!", s'emballe son ami.
1389 est justement le nom d'un mouvement radical cléricalo-fasciste dont les autocollants ornent les rues bordant le stade de l’Étoile Rouge. Ivan Bogdanov, chef de file des Delije, instigateur des heurts à Gênes lors d'Italie-Serbie en 2012, arborait d'ailleurs lors de son arrestation plusieurs tatouages, dont celui du mouvement 1389... Signe des liens qu'entretiennent le club de supporters et ce mouvement extrémiste. Sa croix orthodoxe tatouée sur le pectoral gauche montre également l'influence de cette religion comme marqueur identitaire serbe. Le Delije n'a pas choisi la date de sa création par hasard: le 7 janvier, jour de Noël. Les supporters serbes entretiennent une amitié avec leurs coreligionnaires orthodoxes du Gate 7 de l'Olympiakos (Grèce) et, plus récemment, du Spartak Moscou (Russie).
Les revendications des travées du Marakana passent bien souvent le pas du stade, comme c'est le cas pratiquement chaque année lors de l'organisation de la Gay Pride à Belgrade. En septembre 2013, pour la troisième année consécutive, les autorités serbes ont, en effet, décidé d'annuler le cortège dans la capitale sous la pression de militants d'extrême droite et surtout de deux mille hooligans. Une illustration de leur fort pouvoir de nuisance. "Il y a des hooligans, mais aussi des femmes avec des enfants. Tous ceux qui sont sains d'esprit sont contre l'homosexualité", philosophe à ce sujet Nikola... "Nous avons décidé d'interdire l'événement en raison de sérieuses inquiétudes concernant la sécurité, assurait le premier ministre socialiste de l'époque, Ivica Dacic. Ce n'est pas une capitulation face aux hooligans, mais une tentative d'empêcher le chaos dans les rues de Belgrade."
Hasard de l'histoire, une semaine plus tard, l’Étoile Rouge affronta le Partizan de Belgrade, l'ennemi juré. Une occasion de faire une trêve puisque certains supporters du Partizan avait également joué un rôle dans la chute du tyran qu'était Miloševic. Raté... Des heurts éclatèrent entre les supporters des deux camps. "L'union est impossible. On dit vert, ils disent bleu, on dit droite, ils disent gauche. Le Grobari du Partizan (Fossoyeurs), je les aime autant qu'ils m'aiment", assure Nikola. J'ai un rêve, c'est qu'une grosse bombe tombe sur leur stade, embraye Zoran. C'est une blague... Mais le Partizan est le club du gouvernement, c'est un club militaire. Ils ne sont pas Serbes, ce sont des Croates, des musulmans, des communistes..." Vous l'aurez compris, chaque année, le derby éternel entre les deux clubs ennemis est sans doute l'un des plus chauds au monde. Que ce soit au foot, au basket ou même au water-polo...
Kosovo, nationalisme et homophobie
Aujourd'hui encore, la tribune Nord du Marakana reste le théâtre de revendications nationalistes, notamment en ce qui concerne le Kosovo. Le pays, qui a proclamé son indépendance en 2008, reste pour beaucoup le noyau de l'identité serbe. Durant les matches, les supporters scandent des chants, brandissent des banderoles, des drapeaux prônant le rattachement de la région à la Serbie. "Notre pays est né là. Il symbolise notre combat pour la liberté. Nous nous battrons jusqu'à notre dernière goutte de sang, martèle très sérieusement Zoran, en référence à la bataille sanglante du Kosovo Polje (le Champ des merles) de 1389 contre l'Empire Ottoman. On ne veut pas une grande Serbie, on veut juste le Kosovo, qu'ils nous ont pris... On s'est fait bombarder!" (En 1999, l'OTAN avait bombardé Belgrade à la suite du refus de Miloševic d'arrêter sa répression contre la guérilla indépendantiste kosovare) "Fuck l'Europe!", s'emballe son ami.
1389 est justement le nom d'un mouvement radical cléricalo-fasciste dont les autocollants ornent les rues bordant le stade de l’Étoile Rouge. Ivan Bogdanov, chef de file des Delije, instigateur des heurts à Gênes lors d'Italie-Serbie en 2012, arborait d'ailleurs lors de son arrestation plusieurs tatouages, dont celui du mouvement 1389... Signe des liens qu'entretiennent le club de supporters et ce mouvement extrémiste. Sa croix orthodoxe tatouée sur le pectoral gauche montre également l'influence de cette religion comme marqueur identitaire serbe. Le Delije n'a pas choisi la date de sa création par hasard: le 7 janvier, jour de Noël. Les supporters serbes entretiennent une amitié avec leurs coreligionnaires orthodoxes du Gate 7 de l'Olympiakos (Grèce) et, plus récemment, du Spartak Moscou (Russie).
Les revendications des travées du Marakana passent bien souvent le pas du stade, comme c'est le cas pratiquement chaque année lors de l'organisation de la Gay Pride à Belgrade. En septembre 2013, pour la troisième année consécutive, les autorités serbes ont, en effet, décidé d'annuler le cortège dans la capitale sous la pression de militants d'extrême droite et surtout de deux mille hooligans. Une illustration de leur fort pouvoir de nuisance. "Il y a des hooligans, mais aussi des femmes avec des enfants. Tous ceux qui sont sains d'esprit sont contre l'homosexualité", philosophe à ce sujet Nikola... "Nous avons décidé d'interdire l'événement en raison de sérieuses inquiétudes concernant la sécurité, assurait le premier ministre socialiste de l'époque, Ivica Dacic. Ce n'est pas une capitulation face aux hooligans, mais une tentative d'empêcher le chaos dans les rues de Belgrade."
Des milieux encore imbriqués
Ces groupes ultranationalistes tolérés sous Miloševic sont désormais traqués, en tout cas en façade, par les autorités serbes, comme en témoignent l'interdiction du mouvement fasciste Obraz par la Cour suprême serbe en 2012, l'annonce d'enquêtes concernant le financement de ces groupes (qui pourraient être liés au crime organisé) ou les excuses publiques à l’Italie au nom du peuple serbe du président Boris Tadic après les incidents de Gênes. La Serbie, il faut le rappeler, a débuté des négociations dans le but d'intégrer l'Union européenne – qui ne voit pas d'un bon œil des exactions.
Pourtant, aujourd'hui, l’Étoile Rouge, comme d'autres clubs du pays, reste très lié aux milieux politiques. Aleksandar Vucic, premier vice-président du gouvernement de Serbie est, par exemple, proche de l’Étoile Rouge. Ivica Dacic, le premier ministre et ministre de l'intérieur serbe, a été quant à lui président de l'équipe de basket-ball du Partizan. Lors des célébrations des résultats électoraux du Parti socialiste de Serbie, les médias serbes avaient ainsi relevé la présence d'Aleksandar Vavic, à l'époque chef d'Alcatraz, une des factions des Grobari du Partizan. Les agresseurs de Brice Taton, le supporter toulousain décédé, faisaient partie de ce groupe.
Le problème, c'est que ces clubs ont un statut public. Ce qui signifie que ces leaders infréquentables se retrouvent dans les mêmes instances dirigeantes que les responsables politiques et judiciaires censés les combattre, regrettait Loïc Trégourès, sociologue du sport spécialiste des Balkans. Comment peut-on à la fois siéger avec des individus, les utiliser pour déclencher des violences en cas de besoin et, ensuite, promettre de tout mettre en œuvre pour combattre le hooliganisme?" Le paradoxe serbe, dont Aleksandar Vavic est un bon exemple. Le hooligan avait été normalement condamné à une peine de prison trois mois avant cette petite sauterie avec Dacic. Il est accusé d'avoir poignardé un homme en 2005.
Jacques Besnard
Ces groupes ultranationalistes tolérés sous Miloševic sont désormais traqués, en tout cas en façade, par les autorités serbes, comme en témoignent l'interdiction du mouvement fasciste Obraz par la Cour suprême serbe en 2012, l'annonce d'enquêtes concernant le financement de ces groupes (qui pourraient être liés au crime organisé) ou les excuses publiques à l’Italie au nom du peuple serbe du président Boris Tadic après les incidents de Gênes. La Serbie, il faut le rappeler, a débuté des négociations dans le but d'intégrer l'Union européenne – qui ne voit pas d'un bon œil des exactions.
Pourtant, aujourd'hui, l’Étoile Rouge, comme d'autres clubs du pays, reste très lié aux milieux politiques. Aleksandar Vucic, premier vice-président du gouvernement de Serbie est, par exemple, proche de l’Étoile Rouge. Ivica Dacic, le premier ministre et ministre de l'intérieur serbe, a été quant à lui président de l'équipe de basket-ball du Partizan. Lors des célébrations des résultats électoraux du Parti socialiste de Serbie, les médias serbes avaient ainsi relevé la présence d'Aleksandar Vavic, à l'époque chef d'Alcatraz, une des factions des Grobari du Partizan. Les agresseurs de Brice Taton, le supporter toulousain décédé, faisaient partie de ce groupe.
Le problème, c'est que ces clubs ont un statut public. Ce qui signifie que ces leaders infréquentables se retrouvent dans les mêmes instances dirigeantes que les responsables politiques et judiciaires censés les combattre, regrettait Loïc Trégourès, sociologue du sport spécialiste des Balkans. Comment peut-on à la fois siéger avec des individus, les utiliser pour déclencher des violences en cas de besoin et, ensuite, promettre de tout mettre en œuvre pour combattre le hooliganisme?" Le paradoxe serbe, dont Aleksandar Vavic est un bon exemple. Le hooligan avait été normalement condamné à une peine de prison trois mois avant cette petite sauterie avec Dacic. Il est accusé d'avoir poignardé un homme en 2005.
Jacques Besnard