EUROPE/PROCHE-ORIENT-A l'heure où les antisémites français souhaitent manipuler la lutte anticoloniale palestinienne en France nous avons décidé de démontrer le rôle des nationalistes antisémités, en Pologne, dans l'Allemagne nazie, puis dans l'extrême droite antisémite française d'après guerre, dans le soutien au colonialisme israélien. Objectivement les références historiques d'un Alain Soral renforcent la réalité d'un jeu politique où l'on masque le conflit des rapports de classes et du capitalisme colonial avec une abstraite interprétation géopolitique d'une finance mondiale comme moteur de la domination historique.
Le climat antisémite spontané ou orchestré profite aux ultrasionistes dans leur détermination à faire migrer les juifs français en Palestine afin de renforcer l'entreprise coloniale dont cette région est le théâtre. Des groupes nationalistes terroristes comme la Ligue de défense juive collabore à ce climat délétère en amplifiant une atmosphère anxiogène au sein de la communauté juive par la propagation de fausses rumeurs.
Historiquement les ultrasionistes ont eu à plusieurs reprises l'occasion de collaborer avec les nationalistes européens. L'une des collaborations les plus marquantes car déterminante dans le processus de la création d'Israël fut lorsque le parti (organisation ultrasioniste en Palestine et en Europe) de Vladimir Jabotinsky décida de collaborer avec le gouvernement nationaliste antisémite polonais dès 1936. Le "plan d'évacuation" des juifs de la Pologne par le parti polonais OZON ne suscite en effet absolument pas l'hostilité des ultrasionistes. Au contraire, ceux-ci, à l'inverse des juifs antisionistes du Bund, décident de collaborer avec les nationalistes antisémites. Jabotinsky est en accord avec le gouvernement polonais qu'il veut soutenir : les Juifs doivent quitter la Pologne, selon lui, non pas pour migrer à Madagascar -comme le souhaitent dans un premier temps les antisémites polonais- mais pour renforcer la colonisation juive européenne de la Palestine. Le parti antisémite polonais et le parti ultrasioniste s'afficheront ouvertement l'un avec l'autre.
Plus encore cette collaboration politique trouvera sa concrétisation dans une coopération militaire entre antisémites et ultrasionistes. En octobre 1937, Jabotinsky (surnommé "Vladimir Hitler" par la gauche sioniste) rencontre à plusieurs reprises le chef des armées du pouvoir nationaliste polonais, le maréchal Rydz-Smigl. Ce dernier, ainsi que le colonel Beck, ministre des affaires étrangères, concrétise cette rencontre en apportant un soutien concret aux ultrasionsistes : dès 1939 le gouvernement nationaliste polonais soutient financièrement les ultrasionistes puis leur envoie cinq mille fusils. Enfin en octobre 1939 le gouvernement antisémite polonais organise l'entraînement de 25 officiers de l'Irgoun par son armée pour un stage militaire de sabotage. Ce qui reste alors déterminant dans cette amorce de colonisation armée de la Palestine n'est donc pas la faiblesse de la diplomatie britannique à juguler la colonisation, mais bien le rôle joué par les nationalistes antisémites polonais dans l'armement et l'entraînement des milices coloniales sionistes.
Nous verrons prochainement dans un autre article comment dans l'histoire de la seconde guerre mondiale les antisémites ont ensuite tenté de manipuler les masses arabes tout en maintenant un stratégie de colonisation de la Palestine par les Juifs européens. Ce double jeu qui se maintient aujourd'hui encore au sein de l'extrême droite française (et plus particulièrement avec le rôle actif du groupuscule Egalité & Réconciliation), a pour objectif de diviser pour mieux contrôler en trouvant les pigeons facilement manipulables dans l'un ou l'autre camp. Plus que jamais les militants internationalistes doivent faire tomber les masques.
Source :
Marius Schatner, Histoire de la droite israélienne, Éditions Complexe, 1991